Monday Morning #43 * La Marche des Femmes, à Boston et ailleurs

Womens March Boston

Cet article fait partie de la série des Monday Morning, une rubrique publiée le lundi matin et qui comprend aussi bien un édito, des liens vers d’autres sites et blogs, des choses vues, lues et entendues sur la culture américaine, mais pas seulement. 

Vendredi midi, dans la rue. « Why is everybody so quiet? » Pourquoi tout le monde est si calme ? Quelques minutes après le discours d’une violence incroyable de Donald Trump, qui devient le 45è président des Etats-Unis, un citoyen lambda s’inquiète.

Vendredi soir. « I’m moody » Ben n’est pas dans son assiette ce soir. « That’s the inauguration ». Ce soir-là, on est une bonne vingtaine dans une fête comme je les aime : des Américains, bien sûr, mais de toutes origines. On m’a récemment dit que je ne vivais pas dans la réalité. Je sais pas, mais moi j’aime bien cette réalité d’un monde tolérant et divers, avec des amis d’horizons différents. Néanmoins, je suis comme Ben : moody. On rentre tôt, et je regrette de lire les news sur mon tél dans le taxi du retour. J’en peux plus de cette banalisation de la bêtise.

Samedi matin, vers 11h, à l’entrée du Boston Common. Une foule interminable de familles, de couples, d’amis, d’enfants, affluent dans le jardin déjà noir de monde. Aujourd’hui, c’est la Marche des Femmes, la Women’s March, initiée à Washington DC, la capitale des Etats-Unis, et qui trouve un écho dans de nombreuses grandes villes américaines et du monde.

Juste après l’élection de Trump, début novembre, un événement apparaissait en continu sur mon fil Facebook : A Women’s March, une marche des femmes, à Washington DC. Je vois des copines s’engager à y aller. Ce mouvement est né pendant la nuit de l’élection et s’est répandu super rapidement : en quelques jours, des dizaines de milliers de personnes s’y sont ralliées en s’inscrivant à cette manifestation, l’idée étant de se réunir le lendemain du jour de l’inauguration de Trump. Des activistes féministes, déjà organisées et parées face à ce type d’événement, prennent conscience de l’ampleur du mouvement et s’en emparent pour bien l’encadrer et l’organiser. Des tables rondes ont eu lieu avant la marche sur les sujets importants : l’égalité des salaires, le droits de disposer de son corps comme on l’entend (notamment le droit à l’avortement), les droits de la communauté LGBT (Lesbiennes, gays, bi, trans, le vice-président Pence s’étant illustré pour être un opposant à ces droits), les congés maternité (absents aux USA), la lutte contre l’islamophobie, les droits des immigrants, la protection du Planning Familial, etc. (vous pouvez en apprendre plus dans l‘épisode 75 de Call your girlfriend, merci Marie de m’avoir recommandé !)

Ce samedi matin, c’est donc une marche féministe qui est organisée. On croise plein d’affiches, parfois drôles (voir ici un best of), tout le temps motivantes, et qui célèbrent l’unité et l’ouverture d’esprit. On entend (mal) quelques discours du maire de Boston, des deux sénateurs du Massachusetts, et des représentants d’associations, dont Black Lives Matter.

Ce n’était pas officiellement une marche Anti-Trump, mais le sentiment de circonspection, voire de rejet, était bien là pourtant… J’ai lu par endroits (y compris sur le Twitter du nouveau président) la question suivante : mais pourquoi ces gens manifestent puisque Trump a été élu démocratiquement ? L’un des gros soucis de Trump et de son administration (= tous les gens qu’il a nommés dans son cabinet), c’est qu’aucun n’a montré d’intérêt pour les droits des femmes, au contraire, ni même l’unité en général. Manifester pour dire hé on existe, vous êtes en poste, mais personne ne restera silencieux sur les lois que vous mettrez en place, et celles que vous abrogerez. Juste pour rappel, la candidate démocrate a obtenu près de 3 millions de vote de plus que le candidat républicain. C’est le système des Grands Electeurs qui a donné ce résultat en faveur des conservateurs. Sur Facebook, une lectrice insiste en disant « les règles sont les règles » (je déteste ce genre de non-argument) : mais c’est tellement frustrant pour les gens qui votent dans les grandes villes, et dont le vote n’est pas pris en compte en tant que tel.

Il y a eu près de 175 000 personnes qui ont participé au rassemblement à Boston (source: Boston Globe), et il y a eu des marches un peu partout aux Etats-Unis et dans le monde (photos des rassemblements dans le New York Times). La période est angoissante politiquement, socialement, et ce rassemblement, dans une certaine mesure, a fait du bien.

Lu, vu, entendu sur le web

  • L’été à Provincetown entre 1937 et 1940 : de belles photos en noir et blanc de pêcheurs, de vacanciers ou juste d’habitants de la cité balnéaire, isolée au bout du Cap Cod.
  • A importer en France : Kenza se demande ce qu’elle prendrait bien de l’Angleterre, du Canada, et même de la Hongrie pour l’importer en France (j’avoue, j’ai été choquée par les gens qui doublent dans les files d’attente en rentrant cet hiver en France)
  • Le Boston de Dennis Lehane : merci Sylvain de m’avoir envoyé cet article du Monde sur l’un des auteurs phare de Boston. J’ai vu la plupart des films adaptés de ses romans, comme Mystic River ou Gone Baby Gone, il faudrait que je me lance dans ses bouquins !
  • Les pires habitudes dans l’avion : je partage la haine du #1 de ce classement, à savoir le pousseur de dos du fauteuil de derrière dans un avion
  • Des bibliothèques partout, pour tous : Charlotte présente ces petites niches bibliothèques gratuites, à Berkeley en Californie, qu’on trouve également partout dans le monde. Même si j’ai jamais trouvé mon bonheur dans aucune d’entre elles, j’adore l’idée, et je continue de regarder à l’intérieur à chaque fois que j’en croise une.
  • Pourquoi Trump est président : Elise Huguette conseille quelques documentaires (en français), je ne les ai pas encore regardés, mais c’est dans ma liste !
  • Le Caire, follement dingue : Je change complètement de sujet et de continent, mais j’aime bien suivre les aventures de Laurent, qui cette fois s’est arrêté en Egypte
Chocolat chaud

Chocolat chaud

Avis !

Je recherche un nouveau guide pour travailler avec moi et animer des visites Boston le nez en l’air pour la haute saison 2017, l’annonce est ici !

L’actu du blog

Je profite du début d’année pour faire un peu de ménage sur le blog, j’ai mis à jour la page sur les parcs nationaux, et la page des restos à Boston et Cambridge. La carte des voyages aux Etats-Unis est aussi mise à jour régulièrement si vous préférez vous repérer sur le blog visuellement.

La semaine dernière, vous avez pu lire un article sur une expérience vraiment sympa : le trajet en hydravion de Seattle aux îles San Juan.

 

Bon début de semaine à tous !

Place Copley Boston
Facebook
Pinterest
Twitter
Email
Mathilde

Mathilde

Rédactrice, grande organisatrice et réseau socialite du Blog de Mathilde. Je vis à Boston depuis 2012, j'ai fondé (puis vendu) une entreprise de visites guidées en français de la ville, Boston le nez en l'air. Je suis aussi autrice de nombreux guides de voyages, de livres de yoga et de jeux chez des éditeurs français. Suivez-moi sur Instagram !

7 réflexions au sujet de “Monday Morning #43 * La Marche des Femmes, à Boston et ailleurs

  1. Bien entendu que le nouveau Président a été élu démocratiquement (dans le cadre du système américain c’est à dire pas au comptage strict nombre de voix) mais la démocratie c’est la balance des contre-pouvoirs donc l’opposition a le droit – et même le devoir – de s’exprimer publiquement, de contrer légalement les propositions et amendements et de débattre. Cela s’appelle en gros les droits de réunion, d’expression et d’association, droits de la constitution et de la démocratie américaine. Et d’ailleurs en démocratie il y a un devoir des citoyens de protéger cette dernière…

    Ceux qui réfutent ces droits sont bien inquiétants….. Et bien dans la ligne fake-légaliste de Trump.
    On ne vote pas QUE tous les 4 ans et ensuite on attend que cela se passe car un groupe a gagné.
    La politique c’est à dire la vie publique en démocratie est une affaire de quotidien !

    Keep up 🙂

  2. Bonjour Mathilde, je lis attentivement ton blog (que j’adore) et j’ai effectué l’année dernière avec mon ami la visite de Boston sous la neige…. le nez en l’air… que je recommande vivement.

    Effectivement on est sous le choc de l’élection de TRUMP et on se demande où tout cela va mener les Etats Unis. Nous allons en Floride au mois de mai et j’avoue qu’à chaque décret signé par TRUMP, j’envisage d’annuler celui-ci….. Mais restons positifs et confiants dans le Congrès qui malgré qu’il soit républicain comme TRUMP ne laissera pas tout faire, je suis trop optimiste là ??????

  3. Le jour où j’ai tenté de « vivre comme tout le monde », c’est là où je me suis vraiment senti hors de la réalité. La réalité c’est bien ce mélange que tu aimes Mathilde, mais il faut le vivre pour le comprendre 😉 J’ai interpellé gentiment une dame à l’aéroport durant les vacances de noël qui hors de la réalité humaine, s’imposait sans gêne devant une cinquantaine de personne dont mon petit bébé qui attendait bien sagement… Cela ne me ressemble pas mais l’incorrection me donne des ailes.
    Ces marches, ce meltingpot américain et cette liberté de dire que les hommes de pouvoir ne nous ressemblent pas sont de jolies réalités à faire grandir et à transmettre aux enclavés d’un quotidien confortable (ou pas) mais un peu triste. La réalité c’est avoir les yeux ouverts sur le bonheur d’une vie que les gens ne voit plus . Happy Day Mathilde, continue à faire partager ta jolie réalité des choses 😉

  4. La Marche des Femmes était, me semble t-il, une réponse appropriée à l’inauguration, tant dans son volume de participants que dans leur démarche sereine et démocratique. Pas de débordements et un melting pot de tout plein de gens venus pour plein de bonnes raisons et surtout celle-ci : nous (les femmes) comptons et entendons être écoutées 🙂
    Un beau moment !

    PS : Denis Lehanne, c’est merveilleux à lire !!!

  5. Evènement intéressant (la marches des femmes), mais cela doit durer dans le temps, et une vraie opposition doit exister, se structurer, trouver des vrais représentants chez les démocrates et les républicains modérés, Hilary était grillé (trop d’affaires pas très claires), les démocrates se sont torpillés eux mêmes, il doit bien exister des potentiels chez les démocrates ( jeunes et moins jeunes, femmes, hommes et autres) qui auraient pu s’opposer à Trump, maintenant ils ont 4 ans pour se préparer, ils n’auront aucunes autres excuses, si ils échouent.
    Cela est mon simple avis vu de France.
    Malgré cela, il me tarde de visiter ce beau pays et de rencontrer ces habitants !!!

  6. Merci pour ces Monday Morning, les États Unis comme si on y était, des articles intéressants servis sur un plateau, parfait pour commencer la semaine !

Répondre à florence miras Annuler la réponse

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.