Monday Morning #33 * Ambiance à la veille du jour de l’Election

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Jeudi midi, une copine m’envoie des messages depuis Paris : Et au fait, c’est comment l’ambiance chez toi avant l’élection américaine de la semaine prochaine ? Je plaisante en lui disant que je suis en train d’acheter une torta dans un food truck mexicain, avant qu’il n’y en ait plus. « L’ambiance dans mon cercle d’amis n’est représentative que d’un certain milieu » (en schématisant, ça donne : éduqué, côte Est, avec une relative aisance financière, côtoyant des étrangers/immigrés, bref, « les cosmopolites »).

C’est la deuxième fois que j’assiste à une élection présidentielle aux Etats-Unis, et celle-ci n’a rien à voir avec la précédente, la réélection de Obama contre Romney en 2012. Avant tout, la période pré-électorale m’a semblé infiniment longue. Il me semble qu’on parlait déjà du bus d’Hillary Clinton partie en tournée quand je faisais ma formation de yoga en 2013 ; la montée de Bernie Sanders et les idées progressistes qui faisaient surface, puis les autres idées, qualifiables de raclures de fond de bidet, plus choquantes les unes que les autres, qui se sont petit à petit imposées comme une nouvelle possibilité. On en riait au départ : « Building a Wall? » et puis force est de constater que ce populisme trouvait un écho ; ça faisait moins rire.

Dans cet article, je vous raconte l’ambiance pré-élection (c’est mardi 8 novembre) telle que je la vis à Boston ces derniers jours. Spoiler alert : l’ambiance est surtout l’atterrement, traduit en anglais par l’expression What the fuck. 

Jeudi soir, dîner chez des amis, 2 Américains, et 3 européens (dont Manu et moi) autour de la table. Et si « Il » se faisait élire, finalement ? Mais de quoi parlait-on avant les élections ? J’ai oublié. Qu’est-ce qui vous a le plus choqué dans tout ce que Trump a dit ? Eh oui, on a fait un top 3 démago-politique. Hélas, c’était pas drôle. Pour moi, c’est son côté misogyne et Pro-Life* qui m’a le plus choqué (Pro-Life = Pour la Vie, une appellation trompeuse qui signifie anti-avortement et contre le droit des femmes). Pour un autre, c’est le fait qu’il soit fier de ne pas payer d’impôts. Une autre est choquée du fait qu’être « non politiquement correct » soit assumé « Everybody is so PC* in the US, Trump supporters are not ; is that what bring them together? » (*PC : politically correct).

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Vendredi midi, lors d’une visite de Boston. La file d’attente devant la mairie, où il est possible de voter en avance, est interminable ! Sur le billet de vote du Massachusetts, on trouve aussi d’autres questions supplémentaires, en plus du choix du président : la question 4 notamment concerne la légalisation de la marijuana pour un usage récréatif (et pas seulement médical, c’est déjà légal dans ce cas), on croise d’ailleurs des manifestants qui sont pour.

Vendredi soir, dîner à la maison. Cette fois on est 4, avec une Américaine et son mari colombien. Sujet : les élections. WHAT ELSE? « En tant qu’immigré latino, je suis stressé ! » Il nous parle d’un documentaire de Jorge Ramos, un journaliste américain né au Mexique, qui traite de la montée de la haine contre les minorités (latinos, mais aussi les musulmans, les homos…) qui est corrélée à la montée de Trump, c’est le Trump effect : le fait que des paroles et des actes haineux soient possibles dans la vie sociale  « The new normal is hate ». Le documentaire Hate Rising, qui dure 50 minutes est consternant et inquiétant.

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Samedi. Je suis en visite dans Boston avec des  Français et des Québécois, qui s’étonnent de ne pas voir plus d’affiches électorales à quelques jours du jour J. C’est vrai qu’il n’y a pas de panneaux officiels pour les candidats dans le centre de Boston, et que les jardins des maisons n’affichent pas leur couleurs (plus on s’éloigne du centre, plus ça change). On ne voit que quelques rares stickers sur des voitures. Plus tard dans l’après-midi à Harvard, un homme a installé sur sa camionnette un énorme panneau à la gloire de Trump et un « Women for Trump » (really?). Il est tout de même arrivé en tête aux primaires républicaines dans le Massachusetts.

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✍ Et vous, lecteur, comment vous avez-vécu cette période pré-électorale (en fonction de là où vous vivez !) ? j’ai l’impression que ces élections n’ont pas arrêté de faire les titres de la presse internationale, tellement ça semble être un big deal pour le monde entier !

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☞ Pour les lecteurs qui vivent en Alsace, rendez-vous du 11 au 13 novembre au salon du tourisme et des voyages de Colmar, au stand E411 : Elise, de New York Off Road, une guide de New York en français s’y trouve, et elle peut vous parler de New York, sa spécialité, mais elle a aussi de la doc à vous donner sur Boston = le meilleur combo pour visiter la côte Est américaine ! Plus d’infos sur sa page Facebook : New York Off Road.

Lu, Vu, Entendu

✍  Bon début de semaine à tous, et laissez un commentaire en passant !

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Mathilde

Mathilde

Rédactrice, grande organisatrice et réseau socialite du Blog de Mathilde. Je vis à Boston depuis 2012, j'ai fondé (puis vendu) une entreprise de visites guidées en français de la ville, Boston le nez en l'air. Je suis aussi autrice de nombreux guides de voyages, de livres de yoga et de jeux chez des éditeurs français. Suivez-moi sur Instagram !

18 réflexions au sujet de “Monday Morning #33 * Ambiance à la veille du jour de l’Election

  1. Bon article! 🙂
    Bon voilà voilà, nous y sommes…
    Personnellement, j’ai suivi depuis le Nord de la France les élections et c’est la première chose que j’ai regarde à mon réveil ce matin.
    Tous les médias français sont en boucle sur le nouveau Président. La France a de grandes inquiétudes quant à notre propre avenir avec une montée du front national. Après le Brexit et cette élection, nous ne voyons plus d’autre avenir qu’une élection de Marine Lepen.
    Et du coup, du votre côté, que se passe-t-il?
    Ca doit être étrange…
    Merci pour le lien du documentaire!

    • L’ambiance est très très étrange, comme si les gens étaient en deuil.
      Je suis allée à une manif le jour d’après, beaucoup de jeunes en colère (bien plus jeunes que moi). Le Massachusetts n’aime pas Trump (en grande partie), et les gens ne se reconnaissent plus de façon générale dans ce système où l’engouement pour Clinton était faible de toute façon.
      Bref, c’est la merde.
      Mercredi tout le monde faisait la gueule, ou c’est moi qui projetait 😀

  2. Moi perso j’en peux plus! J’ai un peu peur mais dans le fond j’ai hate d’etre a demain. Ce qui m’inquiete c’est l’aftermath. S’il perd, tres bien et ensuite quoi? on oublie les collegues/amis de familles qui le soutenaient malgré les propos affligeants qu’il tenait? Les racistes et les mysogynes qui ont pris l’air rentrent dans leur caves, caches de tous? C’est quoi l’ambiance d’apres-election? Juste une mechante gueule de bois?

  3. A San Diego les avis sont très partagés. Même si il s’agit avec Orange County des deux seuls countys républicains dans une Californie démocrate, les électeurs que j’ai pu côtoyer disent voter pour un parti, en pensant que Trump ne pourra pas appliquer son programme, car l’administration républicaine et son vice-président l’en empêcheront. J’ai surtout compris que les électeurs ne veulent pas d’Hillary pour plusieurs raisons, la première, elle a menti à plusieurs reprises, la seconde, ils ne veulent pas créer une dynastie. Ensuite le vote républicain est élevé, car l’Obamacare coûte cher en Californie, que les State Tax sont chères et que le niveau de vie n’a pas suivi, malgré la reprise suite à la crise de 2008. Ils sont persuadés que Trump baissera l’impôt fédéral. Ils sont persuadés que Trump ne chassera jamais les clandestins, car de toute façon ils en ont besoin pour faire leurs jardins et nettoyer leurs piscines !

    • c’est clair que le vote de parti est sûrement quelque chose de très ancré (parti vs personne)
      Je laisse ici ce commentaire d’un ami qui proposait via Facebook cette expérience de pensée, assez troublante, sur le choix entre personne et idéologie (je ne traduis pas, j’imagine que tu speak english)

      I beg all of my liberal friends and family to entertain the following mental experiment.
      I’ve been having a lot of conversations with friends about the election. A common refrain is something like, « how could any decent person vote for Trump after all of the horrible things he has said. »
      I think that the implication is that only a dupe or a bigot could have voted for him. But let’s turn the situation on its head. Let’s say that the Republican nominee was anyone but Trump. Pick an establishment candidate: Romney, McCain, Ryan, whoever. But pick one.
      What would Clinton have to say or do to make you cast your vote against her? How corrupt and gross would she have to be? Take it seriously. Make it concrete by making a list of bad things that would make you like her less. Google whether or not she has done anything like the things on your list. Don’t say, « but Clinton would never do those things! » The exercise isn’t about knowing Clinton. Its about learning your own propensity for cognitive dissonance.
      I found for my self that she would have to be a pretty despicable person to make me vote the other way. So much so that I was a bit ashamed of myself. I guess it would be the same for many of you. Please reflect on this before you start casting aspersions on half the country.

  4. Je vis toute cette période d’élection depuis la Californie, et franchement, je ne la vis pas super bien. Je me documente, lis des articles, ai des conversations sans fin avec mon mari américain qui tente de m’expliquer (sans cautionner, je précise !) comment, mais comment ?! c’est possible que des gens votent pour cet infâme personnage… Rien à faire, je rejette l’idée en bloc !
    Je viens de regarder le reportage dont tu as mis le lien : quelle claque ! ça me rend malade de voir tout ça 🙁
    Rendez-vous mercredi, qu’on soit enfin fixés !

    • Hello Véronique,
      merci pour ton petit mot, une semaine plus tard, nous voilà fixé, et j’imagine qu’il y a encore beaucoup à lire et à se documenter pour comprendre
      ugh

  5. Je pensais être la seule à utiliser l’expression « raclure de fond de bidet » ( à l’égard d’un autre sinistre personnage qui sévit ici – enfin presque plus mais il y’a malheureusement la relève !), j’ai bien ri !! Hâte qu’elle se termine cette campagne… on croise les doigts.

  6. ahahah cette élection me laisse franchement un étrange goût… Les emails de Hillary font tout un foin quand le mec en face lâche tous les jours des horreurs….
    J’ai bien aimé la partie avec Bernie Sanders car il parlait réellement d’idées, de société.
    Finalement depuis quelques mois on entend juste les frasques de chacun, les petites piques, les vidéos rigolotes ou indignées en réponse. je sature !
    Et surtout, le pire du pire c’est que je sais que des gens votent Trump autour de moi… ou ne votent pas soit disant car c’est gagné pour Hillary… ouais ouais ouais… ça me déprime. Ce mec arrive à mobiliser et pas seulement chez les « rednecks ».
    Je vis en Californie du Sud qui est censée être démocrate, riche (c’est sûrement là qu’il faut chercher), éduquée et même souvent multiculturelle…. Trump est très certainement représentatif d’un mouvement décomplexé de la haine et de l’attaque de l’autre comme on en voit tant. Il représente aussi le mec qui, parce que riche, peut gruger le système en se marrant (qui est pourri on le sait tous n’est ce pas !) et ça ça fait rêver plus d’une personne apparemment.

    Moi j’attends juste que tout cela se finisse. Et c’est triste mais je ne suis pas très enthousiaste pour Hillary (enthousiaste hein; of course je VEUX que ce soit elle). Sûrement que mon cerveau s’est un peu fait manger par les médias entre temps 🙁

    • C’est exactement ça : « Trump est très certainement représentatif d’un mouvement décomplexé de la haine et de l’attaque de l’autre comme on en voit tant. »
      Enfin, une semaine plus tard, on voit le résultat

  7. J’habite aux portes de Boston (Somerville) mais travaille a 45 minutes de la, et je dois dire que ces 35 miles creusent un fosse. Je suis entouree de gens qui votent pour Trump et pourtant ils sont eduques. Les pelouses des jardins sont decorees de slogan de campagne pro-Trump. J ai entendu parle ce matin d un pro-Clinton du voisinage (avec affichette dans le jardin) dont la maison a ete canarde au fusil a plombs et aux oeufs ! La ville d Harvard, non loin, a conseille a ses habitants de faire des provisions comme en temps de guerre.
    Merci pour cet article en tout cas qui resume bien que cette election est sur toutes les levres et suscite de nombreuses craintes

  8. Je suis arrivée en Caroline du Nord à Durham cet été et sur le campus de Duke (qui soutient majoritairement Clinton) les gens se mobilisent vachement à tel point que je ressens une sorte de pression pour voter (ce que je ne peux pas faire puisque je suis française, je sais c’est idiot). Pendant la période de registration, on me demandait « Have you registered to vote? » au moins 5 fois par jour, et un mec m’a même couru après dans la rue pour me le demander (c’était le matin et il n’y avait pas grand monde dans la rue). Et maintenant on me demande si j’ai voté. La Caroline du Nord est un swing state assez important, d’ailleurs Trump et Clinton passent tous les deux par Raleigh ce lundi il me semble, donc ici on ne peut pas faire un pas sans penser ou voir des choses relatives au vote, d’autant plus qu’on en parle moins à l’étranger mais il n’y a pas que le président qui change ; c’est le plus important mais ici on change de gouverneur, on vote pour des membres de la cour de justice de Caroline du Nord et on élit un des deux sénateurs, or c’est tout aussi important de savoir de quel côté sera le Sénat. C’est hyper intéressant de vivre ça mais je suis aussi un peu stressée par le résultat…

    Merci pour ce super blog que j’ai découvert en arrivant ici, j’ai quasiment tout rattrapé et ça me donne plein d’idées et plein d’envies de voyage 🙂

    • Hello Leslie ! Ca m’est arrivé aussi qu’un mec me demande si j’étais bien sur les listes, j’ai dit non, que je ne votais pas et le mec s’est enflammé…

  9. En France, les élections américaines font la une à la télévision. Dans la nuit de mardi à mercredi il y aura une émission non stop sur TMC ( présentée par Yann Barthes, transfuge de Canal + ) , j’en serai . Ses reporters ( excellent Martin Weill ) nous ont déjà montré, que l’élection de Trump était possible ( horreur suprême ) Je soutiens le moral de mes amis new yorkais, qui envisage de quitter les USA si ce fuck man est élu .

    Je croise les doigts que cela n’arrive pas.

    Merci pour votre blog toujours aussi fun et pour les belles photos d’automne.

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