A lire ! Le superbe « L’invention des ailes » de Sue Monk Kidd

the invention of wings

☞ C’est l’histoire de deux femmes, Hetty, une esclave, et sa maîtresse, Sarah, en  Caroline du Sud au début du 19e siècle. On suit leur vie, racontée en parallèle, pendant plusieurs décennies, et notamment leur combat pour la liberté et l’égalité dans une période où l’esclavage était la norme, et l’abolition une idée folle.

Quand on est arrivé à Tucson, à peu près à mi-chemin dans le voyage de cet été, je n’avais plus de livres à lire. Dans le quartier de l’université, on fait un détour par Antigone Books, j’ai fureté dans les rayons, lu les recommandations laissées à la main par les libraires. C’est The Invention of Wings qui a retenu mon attention. A vrai dire, il n’y avait pas grand chose d’écrit à son compte, à part que c’était le livre actuel du book club. J’ai lu la première page, et une page au hasard au milieu. Je me suis dit : why not.

Le roman commence par un court chapitre sur Hetty, une jeune esclave noire qu’on « offre en cadeau » comme domestique personnelle à Sarah Grimké, alors âgée de 11 ans. Sarah se révolte contre ses parents qui perpétuent une tradition qu’elle trouve injuste, mais qui écouterait une jeune fille de 11 ans, surtout à cette époque, et surtout à Charleston ? Les deux jeunes filles deviennent amies, tant que les illusions de l’adolescence les bercent encore.

Comment faire entendre sa voix, dans une société qui n’a rien envie d’entendre ? A cette époque, même une femme blanche de la haute société – ce qu’est Sarah – n’a aucun droit, à part ceux conférés par son père, son frère, ou ensuite son époux. Sarah rêve de devenir avocate, on rit de ses ambitions, comme on se moquera d’elle ensuite, dans toutes ses tentatives d’émancipation.

L’absence de liberté pour Hetty est plus évidente : elle est esclave. Elle n’a aucun droit, aucun rêve. Elle dit même à son amie Sarah : « On ne me ferme pas les portes, aucune ne s’est jamais ouverte pour moi. » La force d’Hetty, c’est pourtant d’avoir eu conscience, dès son plus jeune âge, qu’elle était une personne, même si on la traite comme un objet, une simple propriété avec une valeur donnée. Dans les combats des Noirs de l’époque, on retrouve des échos avec le mouvement actuel « Black Lives Matter » qui prend de l’ampleur ici aux Etats-Unis.

❤ Je suis épatée par la richesse du roman, qui ne se contente pas de parler froidement du parcours d’une femme pour l’abolition de l’esclavage et pour l’égalité, non, ça vit, page après page ! C’est émouvant, dur, drôle par moments, passionnant, haletant. Le truc fou que j’ai appris après avoir terminé le livre, c’est que Sarah Grimké est un personnage historique : elle a vraiment existé. Elle et sa sœur ont parcouru le pays et ont défendu l’abolition de l’esclavage dans des discours, face à des centaines de personnes qui pour certains, les méprisaient, parce qu’elles étaient des femmes. Une raison de plus de s’intéresser à L’invention des ailes, même si la couverture est franchement gnan-gnan. 

Je n’ai pas décroché du livre pendant 5 jours, et je l’ai fini bien trop vite, heureusement, l’auteure a écrit d’autres bouquins, et je lis en ce moment The secret life of bees ou le secret des abeilles en français. L’auteure manie son histoire et ses personnages avec brio, elle leur donne de l’épaisseur avec un langage qui leur est propre, on dirait qu’elle n’a peur de rien : raconter 2 histoires entrelacées, sur plus de 50 ans avec un fond historique majeur. C’est réussi.

✏ A lire aussi, l’article pour visiter Charleston en Caroline du Sud.

✏ A lire aussi, d’autres articles du book club, et notamment un autre livre lu récemment, Brain on Fire.

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Mathilde

Mathilde

Rédactrice, grande organisatrice et réseau socialite du Blog de Mathilde. Je vis à Boston depuis 2012, j'ai fondé (puis vendu) une entreprise de visites guidées en français de la ville, Boston le nez en l'air. Je suis aussi autrice de nombreux guides de voyages, de livres de yoga et de jeux chez des éditeurs français. Suivez-moi sur Instagram !

18 réflexions au sujet de “A lire ! Le superbe « L’invention des ailes » de Sue Monk Kidd

  1. bonjour Mathilde,
    je suis tombée par hasard sur ton blog et j’adore. J’aime le ton de tes articles, et là je viens de tomber sur ton book club… J’adore lire et je vais commander l’invention des ailes, a priori typiquement le genre de livres que j’aime ! Je te dirai.
    Du coup, ton blog m’a donné envie de m’essayer à la création d’un blog sur nos voyages en famille…
    Je me suis lancée, l’expérience est plaisante…
    A bientôt

  2. Puisque tu le demandes, je recommande: « coming of age in Mississippi » de Anne Moody. Ce n’est pas un roman mais l’autobiographie d’une afro-americaine née dans le sud au milieu du siecle dernier. C’est extrêmement intéressant et dur (!)

  3. Cela n’a rien à voir avec ce post mais avec ton autre post « book club » dans lequel tu fais un petit clin d’oeil aux habitudes linguistiques US: so inspiring. Cela me fait plaisir de voir que je ne suis pas la seule à parfois être légèrement irritée par cette expression! D’autres que je mettrais dans la même famille et qui inondent les blogs US: so blessed et so precious. Bon, cela ne m’empêche pas de les lires, hein.
    Merci pour ton blog très intéressant.

    • Salut Véronique, merci pour ton message ! Finalement, on s’y fait au « so inspiring » 😉 Pour « blessed », on en rigole avec des copines et on l’utilise pour un rien : « je bois mon café, #blessed » etc.

  4. Merci pour ce conseil lecture, je note, ce roman a l’air très intéressant !
    Je ne sais pas si tu connais, mais comme tu reviens du Texas, je te conseille un de mes coups de coeur de l’été, « Le fils » de Philipp Meyer, une saga familiale au Texas sur la fin du XIXème siècle et tout le XXème siècle, c’est très riche et vivant, bref passionnant !

    • Merci pour le conseil, j’adore avoir de nouvelles idées pour la suite ! j’ai d’autres livres en cours, mais je regarderai ça. C’est un écrivain américain, je devrais le trouver ici sans problème !

  5. Merci Mathilde! C’est le genre de livres que j’adore. Je le note sur ma liste. Sinon, cet été à Portland, j’ai acheté « Commencement » dont tu avais parlé. Je n’ai pas encore eu le temps de le lire mais j’ai hâte!

  6. Hello,
    Je note, un livre qu’on n’a pas envie de lâcher, c’est ce qu’il me faut ! J’ai une question : est-ce que c’est difficile en langue originale ? Pour te donner un exemple, je termine actuellement « The world according to Garp » de John Irving et je crois que j’ai été un peu optimiste, je passe à côté de pas mal de choses.
    En tous cas merci pour ces conseils !
    Bonne journée 🙂

    • Je n’ai pas lu le monde selon Garp, du coup c’est difficile de juger… j’ai trouvé la lecture aisée, en partie parce que les chapitres sont courts, pas le temps de se perdre. Il faudrait que tu puisses feuilleter le bouquin en anglais, ce serait le mieux pour te faire une idée !
      C’est vrai qu’avec les trads on perd parfois du sens…

  7. Hello, comme je te l’ai deja dit, j’adore ton book club et partager des lectures. En voyant la couverture, le nom de l’auteur m’a parle: The secret life of bees! J’ai vu ce film par hasard. Queen Latifah et Alicia Keys jouent dedans. Le sujet traite aussi des droits des noirs et de la segregation. Certaines scenes m’ont marque ( c’est deja ça!) mais je suis incapable de te dire si c’est un bon film! Merci pour le conseil lecture, ça donne envie. Bonne journée!

    • C’est super gentil de ta part 🙂
      Oui il y a un film mais je n’ai pas voulu regarder le trailer de peur que ça révèle des trucs sur le livre, je le regarderais peut-être après !
      Bises,

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