Tu lis quoi en ce moment? // Mon premier book club

Brattle Bookshop

J’ai organisé un book club chez moi, il y a quelques jours. Je voulais un moyen sympa d’avoir de nouvelles idées de lectures, sans passer uniquement par les recommandations d’Amazon. Ces derniers mois (partant du principe que je ne lis qu’en anglais), je n’ai pas trouvé le bon livre qui me passionne (j’ai lu, entre autres la bio de Tina Fey et un livre de J. S. Foer sur les végétariens). Donc, un book club, pourquoi pas ? Le principe : pas de lecture imposée, chacun rapporte les livres qu’il a envie de recommander, lus récemment ou pas, et à la fin de la soirée, on échange nos préférés. J’envoie un mail à des copines et une fois la date du book club soigneusement notée et soulignée dans mon agenda, il me fallait au moins un livre à présenter.Dans une librairie, je trouve un bouquin dont j’avais vaguement entendu parlé, The Corrections de Jonatan Franzen. Une histoire de famille, les parents sont du Midwest et les enfants émigrent sur la côte Est, le tout sous fond de crise économique. Exactement le genre de bouquin qui me fait trépigner, dans le genre saga familiale et société. Je l’achète, et l’emporte partout avec moi, sans pour autant jamais dépasser la troisième page. En attendant un cours de yoga, le livre entre les mains, je lis sans lire, les yeux dans le vague, l’esprit embrumé, une fille vient me parler et me dit qu’elle a adoré les personnages de ce roman. On papote, et c’est décidé : il faut vraiment que je reprenne la lecture, plus consciencieusement. Plus ça avance, plus je doute de cette idée du book club. Est-ce que c’était vraiment une bonne idée ? Brattle Bookstore, Boston A Boston, la librairie de livres d’occasions, Brattle Book Shop date de 1825

C’est seulement la veille du book club que j’achève enfin The Corrections. Ce roman-fleuve m’a laissé un goût de déjà-lu, une critique des Etats-Unis pas très fraîche. Mais c’est plutôt drôle, enfin doux-amer, et j’ai beaucoup aimé les personnages, aussi antipathiques soient-ils. J’aurais voulu écrire des notes au fur et à mesure de la lecture, histoire de dire des trucs intelligents, mais je me suis contenté de cocher en marge mes passages préférés. Le soir du book club, on se retrouve à 5 autour de la table basse. L’une des participantes appréhendait cette soirée, et pensait que ce serait un prétexte pour boire du vin et raconter des potins sur des stars de la télé. C’est vrai que c’est un des clichés du book club, un peu desperate housewive sur les bords. LE bouquin qui fait apparement fureur dans les book clubs de la fameuse ménagère de moins de 50 ans s’appelle Fifty Shades of Grey (en français, 50 nuances de Grey) de E.L. James, une sorte de Barbara Cartland très chaud du slip. Mais personne ne l’a présenté ce soir-là. Book Club Tout le monde avait bien fait ses devoirs et rapporté des bouquins, dont on a vraiment parlé (mais on a aussi bu du vin). Voici quelques-uns des livres présentés ce soir-là :

  • Indecision de Benjamin Kunkel (en français, Indécision). Un mec dans la vingtaine qui s’interroge sur le sens à donner à sa vie. Le livre me tente bien, je note.
  • Olive Kitteridge de Elizabeth Strout (en français, Olive Kitteridge). Un village du Maine et des sombres histoires des gens qui vivent là-bas. Famille, ciel bas et lourd : je note aussi.
  • Flight de Sherman Alexie (en français, Flight). Le portrait d’un adolescent native-American marginal. Trop adolescent et trop marginal pour moi.
  • Strenght in what remains de Tracy Kidder. Un mec qui fuit les massacres au Burundi, émigre aux Etats-Unis et qui finalement passe de clochard à médecin diplômé de Colombia. Trop romanesque/rocambolesque.
  • Born to run de Christopher McDougall (en français, Nés pour courir). Un mec qui court pieds nus, selon ce nouveau mouvement à la mode barefoot. Pas de quoi en faire 300 pages, non ? Pourtant la copine qui le présente est  très, très emballée.
  • Finding Ultra de Rich Roll. L’histoire d’un mec gros, qui fume, mal dans sa vie, qui se met à courir et devient marathonien, il vend aussi des compléments alimentaires dans son bouquin.  Pas spécialement intéressée par celui-là.
Book Club Le mot qui est revenu sans cesse pendant la présentation des livres,  c’était « inspiring ». Et je l’entends aussi beaucoup par ailleurs : This book/movie/story/people is very inspiring. J’adhère pas trop à ce concept qui sonne un peu comme rentabiliser sa lecture pour y chercher un modèle à suivre (pas franchement le but de la littérature, non ?). A la fin de la soirée, j’ai pris le bouquin Olive Kitteridge, on verra ce que ça donne. J’ai déjà sur ma liste un autre pavé de Franzen, Freedom (en français, Freedom). Book Club Bonne nouvelle, le book club d’Oprah est de retour. Et vous, vous avez déjà tenté le book club ? Vous lisez quoi en ce moment ? 
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Mathilde

Mathilde

Rédactrice, grande organisatrice et réseau socialite du Blog de Mathilde. Je vis à Boston depuis 2012, j'ai fondé (puis vendu) une entreprise de visites guidées en français de la ville, Boston le nez en l'air. Je suis aussi autrice de nombreux guides de voyages, de livres de yoga et de jeux chez des éditeurs français. Suivez-moi sur Instagram !

26 réflexions au sujet de “Tu lis quoi en ce moment? // Mon premier book club

  1. La première photo m’a rappelé des souvenirs de notre petit séjour à Boston cet hiver car on je me suis arrêté à cette librairie et j’ai adoré le concept de placer les livres à l’extérieur :). Merci !!!!

  2. Je viens de passer une heure à parcourir ton blog: délicieux…. Surtout que demain, nous visitons Boston en famille pour clôturer notre trip de 3 semaines… Tes conseils ajoutés à ceux d’un serveur au resto vont nous faire passer une super journée, je pense.
    Pour en venir au sujet du post, je fais partie de ce que j’appelle un club de lectrice. Il fonctionne sur le même principe que le tien, mais en français!!! Je suis une lectrice boulimique et ne pensais pas que je découvrirais autant de chose par les lectures des autres.
    Pour ces vacances, j’ai dévoré le dernier Stephen King et tous les livres de Patrick Bauwen ( un français). Ces lectures se prêtaient bien au voyage. Pour la dernière ligne droite, je suis plongée dans le Dome2 de Stephen King. À mon retour, m’attends sur ma table de nuit le dernier de Julia Glass, une auteure qui me touche beaucoup. En dehors des vacances, je redeviens plus classique en choix de livre…
    Bonne lecture à toi et… Quelle chance de vivre à Boston!

  3. je n’ai pas encore entamé Les Corrections mais j’ai lu au début de mon séjour ici Freedom de Franzen, et j’ai vraiment été scotchée, boulevsersée par les personnages, je te le conseille chaudement!

  4. Cool, cool, mille fois cool ! Super idee, je ne suis pas sure de trouver des personnes motivees ici mais je vais tenter. Question idiote… tu as fais comment pr diffuser ton invitation ? c etait des personnes que tu connais deja ?
    Allez, j’avoue, a force de le voir partout dans le bus, autour de la piscine, etc, j ai entamne 50 shades of grey…. 🙂 Vivement des jours off pr decouvrir Boston, tu donnes trop envie avec tes articles precedents…

    • C’est pas vrai, tu as cédé et tu lis ce livre ! Ah ah, il faut que tu me dises ce que tu en as pensé :))
      Pour les invitations, en fait j’ai d’abord demandé à 3 copines américaines que je connaissais déjà, oui, et je leur ai proposé d’inviter des amis à elle.

      • euh bah ne t’attends pas à avoir fifty shades of grey présenté chez toi……. Du sexe, du sexe, du sexe…. Bon ça se lit facilement, c’est rigolo mais pas une page sans une description d’une partie de jambe à l’air façon sadomaso…. Pour de la vraie littérature on repassera donc 😉

  5. Ah non tiens je n’ai jamais fait de Book club mais ça doit être ultra sympa!
    En ce moment, je lis « J’ai failli te dire oui » de Federico Moccia. 🙂

  6. C’est marrant, l’idée d’un book club ne me charme pas du tout. Quand je lis un livre, c’est pour moi. C’est le seul moment où je ne suis pas jugée par mes choix. Alors j’alterne des livres cons comme la lune, des histoires d’amour cul-culs, des bouquins terriblement ignobles…Et lorsque je trouve des gens autour de moi avec qui en parler : ça m’ennuie. Je trouve que la perception d’un livre est trop personnelle pour être partagée. C’est à dire que la perception d’un livre d’une autre personne va me gêner, j’ai l’impression qu’elle me raconte une histoire intime de sa vie personnelle. Je viens d’attaquer « Le Don d’Anna » de Cecilia Samartin. Pour le moment il me plait beaucoup.

    J’espère que tu ne prendras pas mon avis comme une critique, mais comme un avis, car si je me permets de commenter c’est que j’ai trouvé ton article intéressant !

    • Merci pour ton message ! Je comprends ton point de vue.
      D’une part, c’est sûr que la lecture relève souvent d’un choix personnel et peut en dire long sur la personnalité des gens ; on peut en tirer des conclusions rapides, et juger la personne. Mais bon là ce soir-là, c’était entre amis, et une façon sympa de discuter autour des livres et de découvrir de nouveaux bouquins.
      D’autre part, c’est sûr : l’avis sur un livre peut être très personnel, et on n’aime pas les mêmes choses pour les mêmes raisons. Mais j’aime bien cette discussion autour des lectures, et je trouve que ça rapproche beaucoup de quelqu’un quand on a des goûts similaires en matière de lectures.

      Je note ton idée de lecture, si je veux faire une pause dans l’anglais en tout cas 🙂

  7. J’aime bien l’idée du book club, c’est chouette ! Moi en ce moment je lis Il conformista, de Moravia, ma première lecture vraiment appréciée en italien (car le vocabulaire est assez simple, je pense, mais c’est agréable de tout comprendre)
    D’habitude j’aime beaucoup la littérature américaine/anglaise, cette année je lui fais des infidélités italiennes mais si je peux te recommander ce que j’ai lu et aimé :
    Toni Morisson, Un don (sombre histoire de famille et d’esclavage)
    David Mitchell (ok, il est anglais, mais c’est la même langue, non ?), Cartographie des nuages (un des meilleurs bouquins que j’aie lus)
    Cornac Mc Carthy, La route (un peu banal comme conseil mais personnellement je l’ai beaucoup aimé en français et adorerais être capable de le lire en anglais)
    Jeffrey Eugenides, Middlesex (encore un conseil banal, mais pareil, ce livre est génial)
    Russel Banks, American Darling, si tu n’as pas peur des pavés. Mais c’est une belle histoire compliquée entre afrique et états unis, qui mêle politique et histoire personnelle des personnages … d’une manière générale j’aime bien Russel Banks.
    Evidemment, un de mes romans préférés en littérature américaine : La conjuration des imbéciles, de John K. Toole, doit être encore plus savoureux en anglais
    Et si je lisais l’anglais, je serais curieuse de voir comment Bukowski fait couler dans ses textes toute la vulgarité de sa poésie. Ou encore je relirais Tortilla Flat de Steinbeck.
    Des conseils un peu simples mais j’ai lu et adoré tout ces bouquins pour de vrai 🙂

    • Je note, je note. Merci pour les conseils.
      J’ai a-do-ré la plupart des romans de Russell Banks, avec en tête American Darling. Et Steinbeck bien sûr, que j’ai lu étant plus jeune. La Route aussi, en français et en anglais, même si c’est parfois dur à lire en anglais, je m’y perds.

  8. A Delhi, nous faisons une activité qui s’appelle « La bibliothèque tournante ». Une réunion mensuelle à laquelle, nous apportons chacune 2-3 livres (lus ou pas), que nous proposons aux autres. Le mois suivant, on ramène les livre, donne des avis, faisons des échanges…
    Sympathique rv que j’apprécie énormément !

    • Sympa l’idée ! Mais comment tu peux conseiller les livres que tu n’as pas lu ? Par des recommandations d’autres personnes ?

  9. Born to Run, j’ai été étonnée moi-même, mais la lecture est effectivement passionnante ! Au point d’avoir fait une offre dessus (mais je n’ai pas eu les droits…).

    • Et qui l’a acheté en France finalement ? En tout cas je vois plein de gens ici courir « pieds nus » avec des sortes de chaussettes à orteils.

      • Les éditions Guérin, une maison d’édition qui publie des bouquins de sport. Mais je ne crois pas qu’il soit encore sorti. L’éditeur US a pensé qu’une maison spécialisée dans le sport serait mieux… 🙁 Mais même les sportifs du dimanche peuvent adorer ce livre. C’est sur le dépassement de soi, l’envie de réussir aussi, c’est pas juste pour les marathoniens ce bouquin !

  10. Le book club, j’ai toujours fui : ca me rappelle trop les journal clubs que j’execrais quand j’etais stagiaire/thesarde. Et puis je ne sais pas parler des livres que j’aime. Mais avec du vin et quelques copines, c’est vrai que ca donne envie !
    Pas beaucoup lu ces derniers temps, c’est mal… Mais un bouquin sympa sur lequel je n’aurais pourtant pas parie un kopek, The Little Coffee Shop of Kabul et puis l’un de mes bouquins preferes, decouvert en francais et relu (et puis rerelu aussi) en anglais, The God of Small Things. Et j’ai retrouve des Elizabeth Goudge dans une bouquinerie, il faut absolument que je m’y replonge, j’adorais l’ambiance de ses bouquins quand j’etais ado.

    • C’est vrai que c’est pas toujours simple de bien parler des bouquins qu’on aime, mais je note tout de même tes idées !

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