(Nouveau Mexique) L’immensité sauvage de Bisti

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Je poursuis la quête des photos et articles non publiés sur le blog, alors qu’ils existent en brouillon depuis des mois. Comme j’aime bien parler des choses que je viens juste de voir, si j’ai raté le bon moment pour le présenter, j’ai tendance à le laisser aux oubliettes… Ca aurait été dommage de passer à côté d’un endroit peu connu du sud-ouest américain, plus précisément au Nouveau Mexique : l’immensité sauvage des badlands de Bisti De-Na-Zin.

carte sud ouest américain monument valley bisti mesa verde

Petit retour en arrière. On est en septembre 2014, en road trip entre le Colorado et l’Utah. Je pense qu’après coup, s’il fallait faire un classement useless, ça a été probablement mon road trip préféré. Ce matin-là, on était à Monument Valley, les trois buttes bien connues de l’Arizona, sur les terres navajos. Quand je lis des articles laudatifs sur cet endroit, j’ai un peu de mal à vrai dire. Certes, les buttes au milieu de la plaine sont impressionnantes (comme toute la région, on finirait presque par s’habituer à la beauté sauvage du sud-ouest américain), mais c’est dur de détacher Monument Valley de l’histoire des lieux, à savoir la dépossession des Américains natifs de leurs terres, et toute la misère environnante du nord de l’Arizona – il suffit de descendre sous la cafétaria, dans le musée des Navajos pour voir Monument Valley différemment qu’un parc d’attractions de fans d’images de road trip #liveauthentic

Après avoir mangé au MacDo de Kayenta (à la télé : Joan Rivers est décédée), près de Monument Valley (le MacDo, c’est pour le wifi – je ne sais même pas pourquoi je cherche une excuse, c’est dégueu, on le sait, mais ça dépanne). Le GPS nous dit qu’on en a pour 3h30 de route pour arriver à Bisti Badlands, une broutille en road trip dans le sud ouest américain. Sur la route, il y a énormément de vent, les nuages ont des reflets rosés et il pleut des rideaux de pluie.

On croise un panneau qui indique le « Four Corner Monument » : c’est un disque sur le sol, au croisement des 4 Etats qui se touchent sur leur pointe, l’Utah, l’Arizona, le Nouveau Mexique et le Colorado (NB : on voit la femme de Walter White dans la série Breaking Bad aller à ce « four corners » et lancer une pièce en se demandant où partir vivre). J’avais lu que c’était un attrape-touriste, le monument étant juste symbolique et pas même placé au véritable endroit, on n’est pris par la léthargie du bof, ça nous dit pas trop : bref, on ne s’arrête pas.

Farmington nous donne la même impression que Kayenta : une ville super moche, avec des centres de réhabilitation partout. A un feu, un vidéo club « Adult Video » est surmonté d’une affiche encore plus haute « Jesus is watching you ». J’ai revu cette image dans des photos du controversé Terry Richardson quelques mois plus tard.

On s’engage sur la route de Bisti en suivant le GPS, mais quand on arrive au point indiqué, après avoir roulé sur une immense route droite, il n’y a RIEN d’autre que l’immensité, des buissons à perte de vue.

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Passion buissons

Planté à l’entrée de ce qui semble être un sentier : un pupitre. A l’intérieur, un registre où les randonneurs inscrivent leurs noms (des gens viennent donc par ici). On marche 5 minutes, mais le doute nous assaille, on part sans carte, dans l’étendue de buissons, ça ne parait pas très sûr. J’ai miraculeusement un peu de réseau sur mon téléphone, et le temps de télécharger une carte, je me rends compte qu’on a raté la véritable entrée du parc. On rebrousse chemin, des vaches bloquent la route, mais comme elles sont photogéniques et pas agressives (et surtout, elles sont chez elles) on les regarde.

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On finit par trouve la bonne entrée, et le bon parking, au bord de « hoodoos », ces colonnes de pierre, qui rappellent ce qu’on a vu, bien plus au nord, quelques jours plus tôt, dans le parc des Goblins de l’Utah. On part marcher en écrasant sous nos pieds une sorte de croûte (façon crème brûlée, l’odeur en moins), il n’y a aucun chemin. Je vois un petit lapin ; une croix tracée par terre. Peut-être des gens se sont déjà perdus ici ? (note pour moi-même : toujours imaginer le pire, le lapin est dangereux, la croix est un mauvais signe, etc.) On erre dans cet endroit lunaire.

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Qui a dit que les blogueurs voyage n’avaient pas aussi un petit côté fashion ?
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Fan de géologie, bonjour
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Les Bisounours débarquent

On reprend la route, cette fois-ci c’est moi qui conduit, et Manu fait des photos d’arc-en-ciel. Rainboooooow ! et même un double rainbow ! On arrive à Farmington vers 20 heures, et s’ensuit le dilemme du soir de road trip soit :

(1) s’arrêter, manger dans un resto, mais arriver super tard au camping.

(2) continuer jusqu’à Mesa Verde, la prochaine étape, qui n’est qu’à 45 minutes de route, mais du coup manger un truc vite fait car la nuit tombe…

J’opte pour l’option 2 (NB : je suis en train de recopier les notes prises dans mon carnet de voyage à l’époque, et je me demande pourquoi on a choisi l’option 2, puisque de toute façon la nuit tombait. Je crois que rien ne semblait très attrayant de toute façon à Farmington). Bref, on s’arrête dans une station essence, c’est l’heure du repas sain et équilibré (beef-jerky et Cheeze-its – c’était avant ma détox Cheeze-its). Un mec se gare à côté de nous avec une voiture blanche, le moteur rugissant, un aileron sur le devant.

Au croisement vers Mesa Verde, Manu hésite à ce qu’on parte vers Durango et qu’on dorme dans un motel au lieu du camping (on dirait qu’il va pleuvoir). Je le motive pour le camping (là encore, en relisant mes notes, je me demande bien pourquoi j’ai écrit ça, pourquoi les rôles sont inversés, d’habitude, je suis pour le motel et Manu pour le camping, j’ai du opter pour embellir la réalité à mon avantage sur mon propre carnet pour faire un peu « aventure » – mystère). On roule de nuit à la recherche du camping, puis d’une place de camping. Ce sera la n°62 sur la Zuni Loop. Camping en haut de quelques marches, face à la montagne. Tout est calme, à part notre voisin, un motard, qui ronfle, on l’entend derrière les buissons.

La suite est déjà sur le blog ! Après Bisti, on a roulé jusqu’à très tard pour arriver au camping du parc national de Mesa Verde, dans le Colorado pour voir des anciens habitats au cœur des falaises. 

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  • Bisti, de son vrai nom Bisti / De-Na-Zin, est un espace sauvage au nord-est du Nouveau Mexique. Il est peu connu, peu visité. La première fois que j’en ai entendu parler, c’était chez mes amis virtuels blogueurs JP et Delphine de Lost in the USA. Dans le désert du bassin de San Juan, on y voit des roches érodées par le temps. C’est cette érosion qui leur donne le nom de badlands, les « mauvaises terres » ; on trouve de ces badlands un peu partout aux Etats-Unis, j’en avais parlé récemment sur le blog quand on était dans le parc de la forêt pétrifiée en Arizona.
  • En langue Navajo, Bisti  signifie « les collines d’argile » et De-Na-Zin veut dire grues (cranes en anglais).
  • Bisti est situé à 35 miles de Farmington.

☞ Faut-il y aller ? Oui ! si vous ne passez pas très loin, critère on le sait très relatif dans les road trips aux Etats-Unis. C’est sauvage, un peu bizarre, et si vous aimez être tous seuls, c’est parfait. On est allé ensuite à Mesa Verde, mais Bisti peut faire parti d’un road trip dédié au Nouveau Mexique, surtout pour  les fans de la culture Amérindienne.

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Mathilde

Mathilde

Rédactrice, grande organisatrice et réseau socialite du Blog de Mathilde. Je vis à Boston depuis 2012, j'ai fondé (puis vendu) une entreprise de visites guidées en français de la ville, Boston le nez en l'air. Je suis aussi autrice de nombreux guides de voyages, de livres de yoga et de jeux chez des éditeurs français. Suivez-moi sur Instagram !

13 réflexions au sujet de “(Nouveau Mexique) L’immensité sauvage de Bisti

    • c’est un peu à la carte… le parc est super loin avec pas beaucoup d’indications, on y est resté très peu de temps, à peine 2h, car on avait un camping réservé super loin. Vous pouvez y rester 1 journée comme une demi-journée, ça dépend vraiment du temps dont vous disposez et ce que vous aimez faire

  1. Bonjour et merci pour ce très bon blog et ses belles photos. Il m’a aidée lors de mon voyage.
    Pour celle set eux qui vous liront j’ai relevé :
     » On part marcher en écrasant sous nos pieds une sorte de croûte « .
    Cette croute est produite par des micro organismes, est très précieuse, précurseure de l’installation de la végétation. Les autorités locales tourisme, etc.. demandent de ne pas marcher dessus et de rester sur les chemins. Il faut 100 ans pour fabriquer cette croute … Merci pour elle…

    • Hello Herminette, tu fais bien de le préciser, on l’a appris plus tard, et en tout cas trop tard pour Bisti.
      Bien à toi,

  2. J’ai pris du retard dans la lecture des articles….
    Je suis passée par Four Corners en décembre 2012 et je n’ai pas eu à payer ni à faire la queue. Je me souviens d’un vent énorme qui nous empêchait presque de rester immobile 1 pied dans chaque état, 1 bras dans les 2 restants. On avait l’air bien cons mais on s’est dit « on y était » et 10 min plus tard, on a repris la route…

  3. Salut Mathilde ,
    Comme d’habitude , les photos sont grandioses !!!! J’ai aussi un souvenir franchement moche de kayenta , que nous avions juste traversé sans penser un instant à s’arrêter .
    Le parc à l’air loin de tout, beaucoup moins touristique que tout ce que l’on peut voir dans l’Utah.
    Merci pour cette chouette découverte.
    J’ai hâte de voir ton guide….j’adore les guides de voyages .
    Surtout n’arrête pas c’est toujours autant un plaisir de te lire .
    Virginie

  4. Un article qui tombe à pic : visite prévue le mois prochain. Du coup, je vais m’inspirer de ton expérience et imprimer quelques docs avant le départ 🙂

    Concernant Monument Valley, perso, j’ai adoré le paysage même si je suis totalement d’accord avec toi sur le sort qui a été réservé aux Native Americans. Le problème, c’est que cette situation est quasiment la même dans toutes les réserves amérindiennes des USA : pauvreté, isolement, conditions de vie difficiles. Dans nos zones boisées de l’Est, les quelques amérindiens qui restent sont cachés, le climat est moins aride que sur les terres rouges de l’Ouest pour peut-être faire pousser quelques tomates, épis de maïs ou pommes de terre au fond du jardin. Mais la misère me semble la même.

  5. Waouh ! J’aime être planquée derrière ma tablette et regarder ces beaux paysages bien à l’abri (je suis plus trouillarde qu’une souris)…. Photos superbes (je radote) ! Un jour je serais courageuse et je partirais à l’aventure…

  6. Ca a l’air magnifique à la vue de tes photos qui sont MAGNIFIQUES… Ça me donne trop envie d’y aller ! Faut que j’arrête de regarder sinon je vais acheter un billet d’avion sur le champs.

  7. Pas besoin d’excuse pour manger au McDo à Kayenta, c’est le seul truc ouvert à midi avec une roulotte qui empeste le graillon sur la route…
    Et vous avez bien fait de laisser de côté Four Corners : 5$ par personne pour faire la queue en plein soleil pour la photo et voir des stand de goodies made in China. Ça avait l’air plus dramatique et photogénique dans Breaking Bad (ça m’étonnerait que Skyler ait fait la queue pour aller lancer sa pièce).
    Impressionnantes vos photos !

  8. Tes photos sont superbes !
    Je ne pensais pas que Monument Valley était aussi proche du Nouveau Mexique (enfin proche, façon de parler…on connait les distances aux USA ^^)

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